De l'avenir d'Ubuntu Touch
Rédigé par dada / 08 juillet 2016 / 18 commentaires
En échangeant avec Bleizh dans les commentaires de mon dernier billet sur l'OS mobile de Canonical, je me rends compte qu'il y a une question que beaucoup de gens doivent se poser : Est-ce qu'investir dans ce genre de chose est viable ?
La communauté du libre est tombée d'assez haut lorsque Mozilla a annoncé l'abandon de Firefox OS pour smartphones. Nous étions nombreux à nous être jetés sur les téléphones de la fondation pour échapper à Google/Apple. On était, en plus, fiers de notre alternative qui même si elle n’était pas parfaite, avait l'avantage d'avoir des arguments solides pour convaincre les libristes conscients des enjeux autour de la vie privée et du respect de l'utilisateur : tout ouvert, une fondation à la tête du projet, une communauté internationale motivée.
Malgré tout ça, le projet s'est fracassé contre la réalité. Les gens s'en foutent et/ou ne sont pas conscients de ce qu'on fait de leurs vies.
Mozilla s'est concentrée sur les smartphones : un outil indispensable qui ne peut pas se permettre de tomber en carafe. A l'annonce de la fin du projet, les utilisateurs actifs de Firefox OS se sont retrouvés avec une brique dans les mains. J’exagère un peu, mais l’idée est là et c'est ce que les gens retiendront : un outil indispensable qui nous a lâché.
Canonical s'attaque à la fois au segment des smartphones mais aussi à celui des tablettes. Je ne prendrais pas un smartphone sous UT. L'affaire Mozilla a laissé des traces, malheureusement. Je continue de suivre d'un œil ce qui reste de cette belle aventure mais il n'est plus envisageable pour moi de me retrouver avec un téléphone mort.
Canonical s'en sortira sans doute mieux, c'est pas bien dur, mais je n'y participerai pas.
Par contre, pour les tablettes UT, c'est une toute autre affaire, et c'est là que les gens devraient un peu croire en ce pari. Une tablette convergente, c'est un outil mobile pour surfer convenablement, utiliser quelques applications mais c'est aussi un outil de travail mobile viable. Pas parfait, qu'on reste d'accord, mais viable. C'est toute la différence avec les smartphones : si le téléphone explose en plein vol, c'est le drame. Si la tablette explose, c'est quelques centaines d'euros de perdu. Notable, certes, mais pas bloquant pour le travail ou la vie sociale.
La tablette que je me traîne, l'Aquaris M10, m'offre une façon d’accéder à mes outils différente d'avec mon PC portable. C'est un bonus, un extra. Elle ne fait pas encore le même travail qu'un PC portable mais c'est déjà bien plus qu'une tablette du commerce, les Surfaces de Microsoft mises à part.
Ce que j'essaye de faire comprendre dans ce billet, c'est que si échec de UT il y a, la tablette restera quoiqu'il arrive un outil fonctionnel. Ce n'est pas un téléphone dont la confiance en un avenir perenne est non négligeable. Il faut des mise à jour, des corrections de bug, le support des nouvelles technologies, des ondes 4G +n, etc. Si Canonical se casse la figure, je pourrais toujours me servir du Firefox qu'il y a dans ma tablette, de LibreOffice et des autres. Il n'est, qui plus est, pas difficile de croire qu'il restera des gens motivés pour maintenir des dépôts à jour, mais là n'est pas la question. Ne parlons pas de malheurs.
Une tablette est un outil bien moins critique qu'un téléphone. Prendre une Aquaris M10, c'est prendre un jouet avec lequel il fait bon rédiger des articles de blog, flâner sur diaspora*, écouter de la musique, montrer ses photos de vacances à ses amis, à sa famille, etc. C'est un extra dont on peut être fier, pas un outil vital, du moins pour le moment.