Blog de dada

DevOps, bidouilleur et routard plein de logiciels libres

Attention, ce billet se traine depuis plus de 3 mois. Les informations qu'il contient ne sont peut-être plus à jour.


Du libre en entreprise ? Non, pas encore

Rédigé par dada / / 11 commentaires


Eh oui, je sais que ça va vous énerver mais que voulez-vous ? Depuis que je bosse dans une Digital Agency parisienne, je côtoie des gens qui vivent au quotidien les principes économiques du monde professionnel. Alors, pourquoi ne serait-ce encore possible de passer au libre ? Essayons de voir ça en quelques points.

Le contexte

Là où je bosse, ils vendent du libre, principalement de l'EZ Publish, du Drupal, de l’hébergement et d'autres choses que je connais moins. Les serveurs tournent sous Debian et l'ambiance est franchement pas mal.

Les licences logiciels, c'est pas cher

Alors, ils ne le disent pas comme ça, mais c'est un constat. Le coût des licences est marginal par rapport à celui de la masse salariale. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire attention, une dépense est une dépense et ça joue sur les résultats attendus en fin de mois. Le passage sous un environnement de travail libre n'est tout simplement pas une question de frais de licences : que ce soit les logiciels ou les systèmes d'exploitation. Ils payent des licences Windows, PHPStorm, VMWare, Google, Github, etc. Si on additionne le tout, ça ne pèse pas lourd quand on traîne presque une centaine de salariés.

S'auto-gérer

On pourrait penser que passer son infrastructure complète des services propriétaires à des services libres ou open source auto-hébergés serait une bonne idée. Pour le principe, ça l'est, mais, là encore, pas dans les chiffres. Utiliser les services de Google pour ses mails, ses agendas, le partage des fichiers, gérer les réunions et j'en passe ne coûte que peu d'argent. Il faut un homme ou deux pour les faire tourner et quelques euros pour passer des limites grands publics aux largesses du service professionnel.
Si on souhaite se servir des logiciels libres, ils faudrait bien plus que deux poilus pour les faire tourner, les maintenir et former les gens à leur utilisation. De plus, les services proprio se targuent d’être toujours disponibles, ou de ne pas rester en panne bien longtemps, sans coût pour ceux qui les utilisent. On n'entre pas dans le même cadre idyllique si son ownCloud crash (OC est un exemple) et qu'il faut réveiller le DevOps pour corriger la boulette qui a fait tomber l'organisation de la boite.
Si on parle des mails, c'est encore pire : avec toute la bonne volonté du monde, on pourrait avoir la meilleure installation possible mais rien n’empêchera Outlook, Gmail et les autres de vous balancer dans la corbeille de vos clients. C'est con quand même.
Note de consolation, la gestion des projets est faite via Redmine et ils envisagent Easy Redmine dans un futur proche.

La formation et l'habitude

Le truc qui me frustre le plus par sa réalité, c'est la conclusion d'une courte discussion que j'ai pu avoir sur l'adoption d'une distribution GNU/Linux pour les développeurs. Pour l'histoire, la majorité des gens bossent sous Windows et OSX. Pas moi, of course, mais en tant que DevOps, un terminal est un terminal. J'ai pas besoin de grand chose d'autre.
On se disait que ça serait chouette de virer les Windows pour mettre des Ubuntu. Simple, mais irréalisable. Les dev' ne sauront pas tous comment s'en sortir en cas de petits problèmes. Ils perdraient du temps, et le temps perdus, c'est foutu. Imaginez-vous dire à votre client que vous ne pouvez pas livrer à temps parce que la dernier mise à jour de l'OS des dev' à faire perdre des heures et des heures de taff. Mauvais, très mauvais délire.
On se rend bien compte ici de l'influence des habitudes, aussi mauvaise soient-elles, sur l’évolution d'une société. Les gens savent s'en sortir avec Windows alors on ne bouge pas. C'est tout. Un des derniers CommitStrip le résume très bien :


On peut malheureusement conclure que c'est un luxe de se servir d'outils libres pour les entreprises. En consolation, on peut se dire que ça sera peut-être possible dans plusieurs années, quand les développeurs sauront plus se servir de GNU/Linux et de son écosystème que des outils proprio et qu'ils se regrouperont pour s'en sortir. Vous allez me dire ça existe déjà, mais des exemples sont rares. En attendant, tant que je pourrais, je tenterais de pousser à l'adoption de solutions libres autant que possible !

11 commentaires

#1  - willy1009 a dit :

Assez peu d'accord, le changement d'habitude il n'y a pas besoin de linux pour en avoir, notamment depuis windows 8.
Pour ma part je gère une boite de 125 personnes et le libre est intégré en grande partie dans mon infra. Certes les postes utilisateurs sont encore sous windows, mais j'en migre un de temps en temps et cela se passe bien.

Il ne faut pas s'arrêter aux changement uniquement, car les gens savent changer leurs habitudes quand ça les arrangent (bizarrement passer d'une mobile à un smartphone ça se fait plutôt bien en général).

Répondre
#2  - PapsOu a dit :

Je me vois mal développer avec un Windows comme OS. Je suis essentiellement sur fedora et pour dev, je n'ai jamais eu de soucis liés au système.

Bref, laisser le choix aux employés est déjà une grand liberté !

Répondre
#3  - Oded Vikhur a dit :

"Le passage sous un environnement de travail libre n'est tout simplement pas une question de frais de licences : que ce soit les logiciels ou les systèmes d'exploitation. "

Je suis au regret de t'annoncer que c'est uniquement pour une question de frais que les grands comptes migrent sur de l'open source. Quand ton merveilleux outil de supervision propriétaire qui ne supervise rien coute 3 millions d'€ par an juste en licence, une DSI entend très vite parlé de Nagios. Oui parceque, en dehors des €€€ économisés, ils ont une peur bleue de l'open source : "c'est pas stable", "il y a pas de support", "ca tourne pas sur mon Solaris" font parti des perles que j'ai pu entendre toutes ces années.

Un DSI, il a une balance éonomique ultra-simple : le rapport cout licence/tranquilité d'esprit.
Un truc proprio peut bien couter une blinde, si l'éditeur lui vend des SLAs de rêve et du support H24 avec 110% d'experts, il va prendre. Pas pour le produit dont on se rendra vite compte qu'il est merdique, pas pour faire plaisir à son pote d'enfance qui est resté ingénieur commercial chez [insérer nom d'une mafia du logiciel] (oups, fallait pas le dire ça...), juste parcequ'avec cette "tranquilité d'esprit" il se décharge de toute responsabilité dans le choix foireux du produit ("Je paye 20 trillons de $ / an en maintenance alors vous allez me le résoudre cet incident ! et fissa !"). Ca passe nickel jusqu'au jour ou le comptable débarque avec son bilan et une ligne "charge licence" à 7 chiffres. Là il va en trouver de l'open source, et pas qu'un peu !

Répondre
#4  - dada a dit :

Vous me rejoignez dans l’évolution en marche vers des environnements libres :)

+1 pour le choix de l'OS. Tant que tu es productif, ils te laissent faire.

@Oded : Comme vue sur IRC, je parle d'une entreprise de taille moyenne, pas d'une multinationale avec des milliers de péons sous ses bottes ! :P

Répondre
#5  - leosw a dit :

Personellement, même si j'adore le logiciel libre, je ne pense pas que ce soit vraiment utile pour les boites.

Moi ce qui me gène c'est les logiciels gratuits fournis par des boites qui veulent faire du chiffre, car il y a un problème dans la balance qu'on nous cache.
Après l'offre payante de GitHub, Google, Microsoft, ça ne me pose pas problème, c'est un fonctionnement normal.
Le fonctionnement anormal c'est github gratuit, google gratuit... Où nous sommes pris pour des cons car on se fait du fric sur nous.

À noter, le Firefox gratuit ne me pose pas problème car on ne se fait pas du fric sur moi.

Répondre
#6  - tonton a dit :

Courte vue ...
ce raisonnement peut tenir sur le court terme mais a long terme l'entreprise y perd forcement. Indépendance, compétences, réactivité, sauvegarde etc..

Répondre
#7  - LeCastillan a dit :

Humm... Si, c'est possible et ce n'est pas une question d'argent (dans le sens où le Libre coûte aussi) c'est plutôt un état d'esprit et une manière de voir les choses... Je suis DSI dans une boite de 400 personnes et la majorité des outils utilisés chez nous proviennent du monde libre. Je vous invite à lire quelques-uns de mes billets sur http://www.it-connect.fr/actualites/dsi-experience/...

Répondre
#8  - Phipe a dit :

Réaction à chaud à la lecture de ton billet dada,

Et si dans ce cas là alors, comme je le pense, plus la boite est petite plus il sera moins difficile (oui je choisis les mots...) d'arriver à faire adopter les outils libre?
Ce que je m'emploie à essayer de développer à mon échelle de conseils aux TPE/indépendants...

Répondre
#9  - Cascador a dit :

Hello,

Un sujet qui m'est cher mais je ne sais pas comment réagir à cet article.

Tu dis que tu bosses sur GNU/Linux, que les serveurs sont sous Debian, que la boîte vend du Libre. C'est déjà énorme !

D'un autre côté tu titres Du libre en entreprise ? Non, pas encore. J'aurai tendance à penser que tu te fixes sur le bureau (les postes des utilisateurs) mais tu en oublies le reste qui est déjà très positif.

La question éternelle étant est-ce que Linux est prêt pour le bureau ? En tout cas, il est présent dans les salles serveurs et pas qu'un peu.

Tcho !

Répondre
#10  - dada a dit :

Vi, c'est plutôt chouette ! Le truc que je veux dire, et je ne suis sans doute pas assez clair, c'est que le libre et vendu/utilisé via du proprio.

Les VMs sont sous Debian, mais c'est VMWare qui les gère. Les services sont proposés sur des technologies libres, mais réalisés via des outils proprio...

Répondre
#11  - Cascador a dit :

Merci de cette précision car effectivement je n'avais pas compris.

Tcho !

Répondre

Fil RSS des commentaires de cet article

Écrire un commentaire

Quelle est le quatrième caractère du mot kf3qy ?